Ciné Droit Libre c'est fini, rendez-vous pour 2011

Ciné Droit Libre a tiré sa révérence pour ce 6ème festival dans la salle du petit Méliès du CCF. Après la diffusion de trois films dans l’après-midi, la cérémonie de clôture a annoncé les projets qui ont le plus retenu l'attention du jury composé de Luc Damiba, président du festival, Jean-Louis Saporito réalisateur du film Le pays le plus pauvre du monde et créateur de Reporter sans frontière, et de Thomas Giefer, réalisateur du très apprécié Lumumba : une mort de style colonial.

Cette année, le jury a décidé de remettre une mention spéciale au projet sur les étudiants handicapés, La cour aux invalides, de Kpénahi Traoré, journaliste, afin de lui donner la possibilité de trouver des financements. Ce projet est né alors qu’elle faisait un reportage sur l’hébergement des étudiants handicapés lorsque les cités universitaires ont été fermées l’année dernière. Enfin, le prix de 3 millions de F CFA est revenu à une dame, Aïssata Ouarma pour Un silence qui tue, projet sur les filles qui quitte leur village pour devenir une fois à Ouaga des filles de ménages. Ce projet touche beaucoup cette étudiante en maitrise d’art dramatique à l’Université de Ouaga qui a vu plusieurs de ses cousines connaitre ce destin et qui souhaite dénoncer « ce fléau de violences ».

Avant de remettre les prix, Thomas Giefer a tout de même souhaité saluer l’initiative de Ciné Droit Libre : « Je voudrais dire deux mots sur ce festival là. J’en ai vécu beaucoup, des plus grands mais j’ai été tout à fait enchanté et étonné et je voudrais dire que je l’ai presque préféré. Il n’est pas un marché aux orgueils et aux vanités. Ici, c’est un festival qui veut dire quelque chose, qui veut changer quelque chose, qui veut aboutir à quelque chose… c’est un cadeau pour moi d’avoir été invité à ce festival ».

Cette clôture a également été l’occasion d’annoncer de nouvelles initiatives vis-à-vis du festival ou dans le domaine des droits de l’homme. Ainsi, Semfilms a annoncé la création d’un TV web sur les droits de l’homme et la liberté d’expression et la mise en place d’un réseau de festivals et la création d’une cinémathèque sur les droits de l’homme. Une autre annonce a également été faite par la Ligue de la Liberté de la Presse. Désormais, deux bourses en journalisme et en droit seront attribuées à des étudiants qui auront su concilier les études avec la défense sociale.
Rendez-vous l’année prochaine !

Lucie Crisa

Débat sur l'homosexualité: Question qui délie les langues

Le film Sortir de la Nkuta traitant d’un sujet encore brulant en Afrique, l’homosexualité à précédé le débat que le Comité d'organisation a programmé pour cette édition du festival . L’expression "Nkuta" utilisé dans le titre est une expression typiquement camerounaise pour désigner le "coming-out" ou tout simplement une personne qui décide de ne plus cacher sa préférence sexuelle.

Le débat n’a pas trouvé de panélistes justement à cause de la sensibilité du sujet. Il a néanmoins eu lieu sous la médiation de Koffi Amétépé, journaliste. Ce débat qui a animé les foules présentes dans la salle du Petit Méliès du CCF peut-être considéré comme le premier vrai débat du festival. Si tout le monde s’est entendu pendant les cinq jours du festival sur le fait qu’il fallait mettre un terme à la pauvreté, à la dictature, à la souffrance des peuples ou à l’esclavage, ce thème d’homosexualité à susciter aussi bien des pour que des contre.

Des arguments ont été avancés des deux côtés. Certains ont prétendu que l’homosexualité était une maladie provenant de l’Occident et qu’il fallait les sauver, ou encore créer une sorte d’apartheid. Certainement que ces personnes n’avaient pas vu le film qui a précédé la diffusion de Sortir de la Nkuta sur les dangers de la construction des murs. D’autres ont comparé l’homosexualité avec des violences infligées à d’autres. Sans doute ne savent-ils pas qu’on ne choisit pas d’être battu ou tué tandis que deux personnes consentent à être ensemble.

Enfin, certains ont sorti des arguments de raison, il ne faut pas uniquement voir le côté sexuel de la chose, mais le fait que ce soit deux personnes qui ressentent, que l’homosexualité était considéré comme normal dans l’antiquité et que c’était tout à fait naturel comme sentiment.
Une chose est sûre c’est que toutes ces personnes qui se sont réunies pour la défense des droits de l’homme choisissent en fait les droits de l’homme qu’ils veulent défendre. Finalement, l’Afrique n’est pas prêtre pour l’homosexualité.

Lucie Crisa

Ciné Droit Libre 2010: Satisfecit du Comité d'organisation




Le festival sur les droits humains et la liberté d’expression Ciné Droit Libre s’est achevé le dimanche 6 mai 2010. Dans cette interview, l’un des organisateurs du festival, Abdoulaye Ménes Diallo parle de ce qui a constitué les points d’attraction de cette 6e édition, et surtout de ce qui constituera l’innovation de Ciné droit libre 2011.


Ciné droit libre 2010 vient de prendre fin, satisfaction ou déception pour cette 6e édition ?


Abdoulaye Diallo : "Si vous organisez un événement avec plusieurs activités comme des projections de films, un concours du meilleur projet de films documentaires, des conférences-débats, une soirée humour et droits humains, le forum sur les cinquantenaires, le débat 10 mn pour convaincre et des projections dans des espaces décentralisés, et que vous arrivez à réaliser tout cela sans grand problème, vous êtes forcement satisfaits. Surtout quand le public se déplace massivement, parce que cette année, on a dû passer certains films à guichet fermé. Et quand on voit la profondeur des débats, la disponibilité des uns et des autres à faire le débat, on se dit que ce n’est pas une mauvaise idée d’avoir fait ce festival. Maintenant, nous sommes condamnés à continuer et c’est là où se trouve la difficulté. "


Semfilms aura-t-il les épaules assez larges pour continuer à supporter le festival ?


"On n’a pas le choix, il faut qu’on continue, c’est trop fort, mais quand on voit les gens satisfaits, quand on voit toutes les personnalités qui viennent, quelqu’un comme Tiken Jah qui est chargé, mais qui se bat pour venir, des humoristes comme Adama Dahico, Mamane. Tous ceux que nous invitons sont des gens hypers chargés, mais ils dégagent quand même du temps pour venir. Tout cela donne du courage pour continuer. "


Quelle a été la particularité de cette édition ?


"Je pense que c’est la soirée humour et droits humains ; ce n’était pas le cadre idéal où on a l’habitude de faire de l’humour, mais on a démontré que c’est faisable. Les humoristes ont démontré qu’il n’y a pas meilleur façon de dénoncer le viol des droits humains et la liberté d’expression que l’humour. Durant tout le festival, les humoristes en ont apporté les preuves. Nous pensons qu’on peut associer les autres disciplines artistiques. On a déjà fait musique et droits humains, et cette année on a tenté humour et droits humains, peut être on fera autre chose dans les années qui viennent. "


Vous avez annoncé une web-TV pour l’édition prochaine, dites-en plus sur ce projet.


"Nous en avons parlé, mieux vaut dire aux gens ce qu’on a en tête. Nous travaillons sur ce projet puisque nous sommes tous des fans du web. Nous avons envie de lancer pour l’édition prochaine, une télé qui sera vue uniquement sur le net et consacrée rien qu’à la liberté d’expression et aux droits de l’homme."


Kpénahi Traoré

Concours du meilleur projet de film documentaire 2010

Pour cette 6e édition du festival Ciné Droit Libre, nombreux étaient les candidats qui ont postulé au concours du meilleur projet de film documentaire. Aissata Warma, étudiante en art dramatique à l'Universite de Ouagadougou s'adjuge le premier prix du jury avec son projet sur les filles de ménage communument appelées "bonne" originaires du Sourou dans le Sud-Ouest du Burkina Faso. La lauréate nous livre ses sentiments et ses motivations après la proclamamtion des résultats par le jury.


"L’année passée j’ai participé sans succès. Cette année, j’étais encore candidate, mais j’ai beaucoup hésité avant de participer, et voilà j’ai gagné. Je remercie Ciné droit libre et tous mes amis qui m’ont aidé à réaliser mon projet de film. Mon projet de film porte sur les filles de ménage ressortissantes du Sourou qui viennent en grande dans la capitale, Ouagadougou, pour travailler. Ce qui m’a poussée à me pencher sur ce sujet, c’est d’abord que je suis ressortissante de Tuyni, comme la plupart de ces filles. Ce qui m’a donc permis de m’imprégner du sujet et de le connaître depuis plusieurs années. Je connais des filles qui sont venues pour travailler et elles ont perdu la vie soit par avortement, soit par violences sexuelles, voilà pourquoi j’ai décidé de parler de ce sujet. C’est un phénomène qui touche directement ma famille parce que j’ai un oncle qui accueille environ 300 de ces filles par an, ce que je trouve illicite. Cela ne sera pas facile, mais vu que je suis en contact avec ces filles depuis 10 mois, je participe aux débats que mon association « Terre des hommes » organisent pour elles, j’essayais parfois de les faire parler. "

Ciné Droit libre dans les cités universitaires

L'Ombre de Lumumba plane sur Ouaga

Suite des réactions de quelques festivaliers après la projection du film Lumumba:une mort de style colonial de Thomas Gieffer.


Adama Dahico humoriste ivoirein et candidat à la présidentielle

C’est une restitution de la vérité. Ne laissons pas les autres écrire notre histoire, nous devons le faire nous-mêmes. Même si elle est vilaine, nous devons l’écrire pour la postérité, c’est très important. Je disais à des gens, n’attendez pas qu’Adama Dahico ne soit plus là pour faire un documentaire sur son parcours, c’est maintenant qu’il faut le faire. Donc le film sur Lumumba m’a très touché.

L’image que nous avons vue du petit enfant dans les bras de sa maman, ce dernier était dans la salle. Il faut être fort pour vivre cela, car ce n’est pas facile de savoir que son père est mort dans de telles conditions. Donc, je pense que c’est quelqu’un qui aime vraiment son père et qui a accepté accompagner ce genre de festival.

C’est courageux de sa part et il faut l’en féliciter. Les gouvernants africains doivent aussi comprendre que tôt ou tard, tout acte que tu pose se saura un jour tant que le cinéma existera, tant que la camera tournera. De nos jours, les hommes comme Lumumba, comme Sankara, comme N’Krumah sont rares. Ce sont des gens qui ont tout donné, tout sacrifié, tout perdu au détriment d’une quelconque liberté.




Chrysogome Zougmoré, Secrétaire général du Mouvement Burkinabè des Droits de l'Homme et du Peuple

Je dirai d’abord que c’est un film qui révolte de par la cruauté des images, surtout la sincérité et la cruauté de ceux-là qui ont été à l’origine de cet assassinat. C’est d’autant plus révoltant et écœurant que quand nous nous situons dans les années 1960, à l’orée des indépendances africaines, et voilà une personnalité qui émerge du lot de l’ensemble de ces Chefs d’Etat, qui veut assurer la dignité de son peuple, et faire en sorte que ce peuple se libère du joug du colonialisme, qu’on assassine.

Mais malheureusement, à cette période où on célèbre le cinquantenaire des indépendances, on est toujours dans la même situation, même si de nos jours on ne peut pas assassiner de la manière dont Lumumba l’a été.

Nous voyons les formes de pressions qui s’exercent aujourd’hui sur nos pays à travers les Chefs d’Etat qui se disent indépendants, mais qui jouent pour la plupart, le jeu de ces pays occidentaux qui ont intérêts à maintenir nos pays sous domination afin de pouvoir exploiter les richesses du sous-sol et avoir une main mise géostratégique sur le continent.

Je crois que c’est un très bon film qui restitue l’histoire, mais qui également éduque et interpelle la conscience non seulement africaine, et aussi universelle. Il faut que les populations de plus en plus prennent conscience et qu’elles travaillent à se libérer de ce colonialisme.

Kpenahi Traoré

L'ombre de Lumumba plane sur Ouagadougou

Plusieurs personnalités et invités se sont déplacés au Centre culturel français Georges Méliès à la faveur de la projection du film Lumumba: une mort de style colonial. Nous avons rencontré certains d'entre eux qu ont bien voulu nous livrer leurs sentiments juste après la projection.



Michel Ouédraogo, Délégué général du Fespaco

"Avant de livrer les sentiments qui m’animent après avoir vu ce film, je voudrais d’abord féliciter les organisateurs de ce festival. Je crois qu’ils apportent par cette manifestation, une autre dimension des manifestations cinématographiques en Afrique. Les thèmes qui sont campés à travers ce festival apportent un plus à la démocratie et aux droits humains.



Et le film sur Lumumba qu’on vient de voir, c’est un peu l’histoire de l’Afrique, cette histoire qui n’est pas seulement faite par les Africains, mais une histoire qui a aussi été façonnée par ceux qui nous ont colonisés.



C’est pour dire que à cette période où nous sommes en train de célébrer le cinquantenaire des indépendances de la majorité des pays africains, l’Afrique doit reprendre son destin en main, l’Afrique doit reprendre son histoire en main.



Je crois que ce qui s’est passé au Congo s’est passé dans beaucoup de pays africains, où il est effectivement difficile parfois de situer la responsabilité des Africains par rapport à leur propre histoire, et de situer la part des autres par rapport à l’histoire de l’Afrique. L’essentiel pour nous, est que les Africains comprennent qu’ils sont les seuls maîtres de leur destin et de leur histoire. "




Maître Bénéwendé Sankara, Chef de file de l’Opposition burkinabè

"C’est un film très émotionnel, mais pour un acteur politique, je crois qu’au-delà de l’émotion, c’est se poser de façon introspective, la question de la perspective pour l’Afrique parce que ce film remonte aux années des indépendances. Et il montre comment de façon post coloniale on imposait des gouvernements au peuple africain.




Le cas de Patrice Lumumba qui est si similaire à d’autres cas que le continent africain a connu, le Burkina Faso aussi, avec l’assassinant du Président Thomas Sankara, nous rappelle que nous sommes encore très loin des indépendances véritables où la souveraineté du peuple devrait s’exercer dans le choix de ses dirigeants.



Aujourd’hui, quand il s’agit de la chose électorale, on se rend compte le plus souvent que ce n’est pas le choix du peuple. Et la façon d’éliminer les leaders et des acteurs politiques de la trempe de Patrice Lumumba, pour moi, c’est un crime contre l’humanité, c’est un assassinant perpétré contre tout un peuple.




Maintenant, il faudrait qu’on se pose la question de savoir comment y remédier ? Quelles solutions les Africains, 50 ans après devraient justement apporter une véritable émancipation de leurs peuples pour un vrai progrès, pour renouer avec cette confiance entre les gouvernés et les gouvernants.



C’est un film qui est toujours d’actualité, et il faudrait féliciter et encourager la famille Lumumba qui a eu l’audace de faire la promotion de ce film au côté de son réalisateur. J’ai beaucoup appris, j’espère seulement qu’il serve de leçon à notre jeunesse. Lumumba est mort à 36 ans, et je crois que si on fait une rétrospection pour voir s’il vivait aujourd’hui, il aurait pu apporter son expérience au peuple africain. C’est donc avec beaucoup de regrets que nous ayons connu cet assassinat. "



Kpénahi Traoré

PROGRAMME DU SAMEDI 05 JUIN 2010

CENTRE CULTUREL FRANCAIS GEORGES MELIES


10h00: Forum du festival sur le thème: «Cinquantenaire et indépendances »
Animé par le Prof. Basile GUISSOU, Théophile Obenga, Prof. Luc Marius IBRIGA, Jacqueline Ki-Zerbo et Tiken Jah FAKOLY

Modération : CNP-NZ
Précédé de la diffusion du clip de Smockey : « 50 ans de dépendance »

12h30 : Cameroun : autopsie d’une indépendance de Gaëlle Le Roy et Valérie Osouf (52 mn 2007)

13h30 : Sénégalaises et islam de Angèle Diabang Brener (Sénégal 2007 52 mn)



SPECIAL FILMS BURKINABE

15h00 : Donner la vie, risquer la mort de Gidéon Vink/Koffi Amétépé (Burkina Faso 26 mn 2010)

15h30 : Sélection Métropolis de Koffi Ametepé/ Gideon Vink (Burkina Faso 26 mn 2009)

16h30 : Le Naufrage Negro-libéral de Bakary Sanon (Burkina Faso 26 mn 2009)

17h00: La vie tumultueuse d’un déflaté de camille Plagnet (France 59 mn 2009)


SOIREE ELECTIONS ET DEMOCRATIE
(Animation : Newton Ahmed BARRY)

18h30: 80.30 hauteur d’homme de Malick SY, (Sénégal/Burkina 2005 60 mn) suivi de débats avec intervention du Pr. Loada et Laurent Bado.

20h30: Autopsie d’une succession de Augustin Talakeana (Togo 2009 52 mn) suivi de débats avec Mahama Sawadogo & Hermann YAMEOGO.

22h30 : Cona’Cris, la révolution orpheline de Gilles Nivet, France, (52 mn 2008)


CENTRE CULTUREL BURKINABE (GOUNGHIN)

Thème : JEUNESSE, EMPLOI, IMMIGRATION
(Animation: Luc DAMIBA)

18h30: La vie tumultueuse d’un déflaté de Camille Plagnet (France 59 mn 2009)

20h00: Chasseurs d’esclaves de Sophie Janneau, France (52 mn 2008)

21h30: Kassim the dream de Kief Davidson, (USA 2008 82 mn)


A L’UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU (Amphi A 600)

16h00 : 10 minutes pour convaincre: un podium en plein air avec un débat ouvert au public, parrainé par les Humoristes Mamane et Marechal Zongo et l’artiste SMOCKEY.

18h00 : Rire en démocratie avec le Marechal Zongo
En collaboration avec le Mouvement des sans voix


19h00 : Be ye ka yé de Cléophas Dioma et Allessandro Ceci, (Burkina-Italie 43mn 2010) suivi de débats

20h30 : L'affaire Coca Cola de German Gutierez et Garmen Garcia (canada 2009 85 mn)

22h30: Capitalism, a love story de Michel Moore (USA 2h07 mn 2009)

Un documentaire et un témoignage poignant

Patrice Lumumba, Premier ministre congolais de juin 1960 à janvier 1961 a marqué les esprits. De ce fait, il occupe une place importante dans la 6e édition du festival. Malgré ses trois mois de gouvernance comme le précise Roland son fils, il est devenu légendaire. « C’est peut-être ça qui le rend légendaire, il a laissé une pensée, un combat » précise-t-il.

Patrice Emery Lumumba est né en 1925 dans un village du Congo. Il n’a pas fait d’études, mais était très curieux. C’est d’ailleurs cette curiosité qui lui vaudra d’être exclu de l’église protestante. Thomas Giefer qui a réalisé le film sur Lumumba, explique qu’il était un « rebelle permanent ». Premier noir dans un quartier de blanc, il a fondé le premier parti nationaliste du Congo, le Mouvement National Congolais (MNC). Avec ce parti, il remporte les élections au grand damne des Belges qui devaient accorder l’indépendance du pays peu après.

Ce film de Thomas Giefer qui fait partie d’une série de 12 documentaires sur les assassinats politiques, retrace le combat de ce fils de la nation congolaise.
« C’est toujours un problème de parler d’un film avant qu’il ne soit vu. Mais c’est l’un des plus important que j’ai fait » a lancé Thomas Giefer, réalisateur du film projeté en ouverture, Lumumba : une mort de style coloniale.


Une fois devant le film on comprend mieux. Thomas Giefer pour réaliser ce film ne s’est pas contenté de retrouver les amis et la famille de ce héro africain, comme il le nomme, mais a également retrouvé ses assassins excepté les deux officiers qui ont donné les ordres qui ont refusé de témoigner, précise le réalisateur.

Des pièces du documentaire apparaissent surréalistes. L’histoire du devenir des corps après la mort de Lumumba a particulièrement choqué Jean-Louis Saporito, réalisateur du film, Vivre au pays le plus pauvre du monde. Pourtant, les tortionnaires ne regrettent rien de ce qui s’est passé et de comment ça s’est passé.

Gérard Soete, l’un des deux officiers belges chargés de faire disparaitre le corps du leader congolais, présente fièrement, dans le film, les deux dents en or qu’il a pu retirer du cadavre de Lumumba. Autour d’une table, je pose au réalisateur la question de savoir comment il a pu rester impassible face à des déclarations aussi choquantes : « Je suis curieux et je veux comprendre pourquoi ils ont fait ça. Mais quand on arrive devant eux, ils ne sont pas des monstres, ils commencent à parler de leur famille et sont vraiment sympathiques. Ils étaient vieux, pour eux, c’était une sorte de confession ».

Le seul regret du réalisateur allemand est de ne pas avoir pu filmer au Katanga, l’endroit où a été exécuté Lumumba. A la fin du film, la parole a été donnée au réalisateur et à Roland, le fils de Patrice Lumumba ainsi qu’aux spectateurs qui voulaient les interroger. Ils ont répondu aux questions avec gravité et parfois même humour. A la question, comment faites-vous pour porter ce nom, cet héritage posée par un spectateur, Roland Lumumba a répondu : « Cette question me revient souvent, comment tu fais pour porter un nom aussi lourds. La réponse elle est assez simple. Je n’en ai pas d’autre ».

Lucie Crisa

Et de 6 pour Ciné Droit Libre

Ça y est, la 6ème édition du festival Ciné Droit Libre a commencé. Cette année, les trois idées fortes du festival sont l’humour, le triomphe de la démocratie et le cinquantenaire des l’indépendances africaines. Après une avant première à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) qui a beaucoup affecté les pensionnaires, le festival s’est ouvert en grande pompe le 2 juin 2010 au Centre culturel français Georges Méliès .

Après un cocktail de bienvenue, les convives ont été invités à se retrouver dans la salle du Petit méliès, qui n’a d’ailleurs pas pu accueillir tous ceux qui prétendaient vouloir y rentrer pour la cérémonie d’ouverture. Au programme: discours d’ouverture, présentation des invités d’honneur Adama Dahico, Mamane, ainsi que Roland Lumumba «dont le nom à lui seul est un passeport en Afrique » a commenté Luc Damiba, président du festival.

Le président du festival a terminé son discours d’ouverture sur cette phrase : Pour que le monde tourne plus juste, pour que le monde tourne plus droit, pour que le monde tourne plus libre. Vive Ciné Droit libre . Maitre Bénéwendé Sankara, principal leader de l’opposition burkinabè présent à la cérémonie d’ouverture a fait une déclaration similaire : « Je ne peux que penser du bien du festival. La liberté est une quête permanente » a-t-il précisé. Toujours dans l’esprit du festival, une minute de silence a été observé pour les neuf civils tués dans la flottille « de la paix et humanitaire » qui a été victime d’un raid israélien lundi.

Lucie Crisa

Programme de vendredi 4 juin

Au Centre Culturel Français GEORGES MELIES
(Petit Méliès)
THEME: SECURITE ALIMENTAIRE

(Animation : Luc DAMIBA)

15h00 : Noir coton de Jérôme Polidor et Julien Després (France 2009 70mn) suivi de débats animé par le Père Maurice Oudet.

16h30 : Vers un crash Alimentaire de Yves Billy et Richard Prost (Belgique 80 mn 2008)

18h30 : Les Yes Men refont le monde de Andi Bichlbaum et Mike Bonanno, (USA 90 mn 2009)


Au CENTRE CULTUREL FRANCAIS (GRAND Méliès)

20h30 : Soirée humour et droits humains avec les humoristes :
- Son excellence Gérard du Burkina
- Adama Dahico de la RCI
- Et Mamane de RFI (France Niger)
Animation : le Marechal ZONGO

CENTRE CULTUREL BURKINABE ( GOUNGHIN)
Thème : DEMOCRATIEL , LIBERALISME
(Animation : RAS BATH)

18h30: Le naufrage néolibéral de Sanou Bakary, (Burkina Faso 26 mn 2009)

19h30: Be ye ka yé de Cléophas Dioma et Allessandro Ceci (Burkina-Italie 43 mn 2010) suivi de débats

21h00: Capitalism, a love story de Michel Moore (USA 2h07 mn 2009

La parole aux festivaliers

Ciné Droit Libre 2010 en prison!

La soirée d'ouverture en images!


Ouverture Ciné Droit Libre 2010
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PROGRAMME DU JEUDI 3 JUIN

JEUDI 03 JUIN 2010

Au Centre Culturel Français - CCF

THEME : Droits de l’Homme & Liberté d’expression


15h30 : Thomas Sankara de Balufu Bakupa Kayinda (Congo RDC 1991/26mn)

16h00
: Table ronde sur la vie et l’œuvre de Patrice Emery LUMUMBA animé par Roland Lumumba (Président de la Fondation Lumumba) et Théophile Obenga, savant africain
Modération : Dr Bétéo D. NEBIE


SOIREE Liberté d’expression
(Animation : Rémi Dandjinou)

18h30 : Burma VJ de Anders Ostergaard, (Danemark 58 mn 2008) suivi de débats animé par Hervé Taoko et Jean Louis Saporito

20h30 : Kafka au Congo Marlène Rabaud et Arnaud Zajtman (Belgique 59 mn 2010) suivi de débats avec Newton Ahmed Barry & Me Guy Hervé KAM

22h00 : Hier encore, j’espérais toujours de Catherine Veaux- logeat, (Canada 70 mn 2008)

Au GOETHE INSTITUT
Thème : PEINE CAPITALE ET AMNISTIE
(ANIMATION: Koffi AMETEPE)


18h30 : Les derniers mots de Frances Newton de Thomas Giefer, rena Giefer, Konrad Ege, (Allemagne 52 mn 2006) en présence du réalisateur suivi de débats avec l’ACAT Burkina, le MBDHP, Amnesty Burkina et le Ministère de la Promotion des Droits Humains.

20h30: In prison my whole life de Marc Evans (Angleterre 2007 90mn)

CITE UNIVERSITAIRE KOSSODO
Animation : RAS BATH

18h30 : Lumumba, assassinat en style colonial de Thomas Giefer, (Allemagne 52mn 2001) suivi de débats en présence du réalisateur et de Roland Lumumba.

20h30 : Cona’Cris, la révolution orpheline de Gilles Nivet, France, (52 mn 2008)

22h30 : 638 façons de tuer Castro de Dollan CANNELL, (Cuba 65mn 2006)

CITE UNIVERSITAIRE PATE D’OIE

18h30 : Cona’Cris, la révolution orpheline de Gilles Nivet, France (52 mn, 2008) suivi de débats avec Smockey

20h30 : Lumumba, assassinat en style colonial de Thomas Giefer (Allemagne 52mn 2001) suivi de débats en présence du réalisateur et de Roland Lumumba.

22h30 : 638 façons de tuer Castro de Dollan CANNELL (Cuba 65mn 2006)


Mamane Dahico et Gerard

Dans le souci de faire passer l'information afin que le public ouagalais vive cet instant unique qu'est la soirée Humour et droits humain, le Comité d'organisation du festival a organisé une conférence de presse ce mercredi 02 juin au CCF de Ouaga. Ce fut l'occasion pour Mamane, lui qui est à sa première venue au Burkina, de s'entretenir avec la presse locale.




Quant au candidat très sérieux, voir plus que sérieux pour la prochaine présidentielle ivoirienne, Président du Doromikan a démontré tout son potentiel pendant la conférence. Avec un geste d'humour, il a répondu aux préoccupations des journaliste.


A la question de savoir d'ou Adama Dahico a eu la somme de 20 millions pour sa caution, il a applaudi avant de donner sa réponse je site: "J'ai plus de 20 ans de carrière dans l'humour... J'ai des amis qui me soutiennent. Ce n'est ni Laurent Gbagbo qui me les a donné" et de conclure: "Si parmi vous quelqu'un a appris que Laurent Gbagbo a donné 20 millions pour moi, qu'il me le dise maintenant afin que je les récupère!"



Son Excellence Gerard a tenu à remercier la presse avant tout propos car certain journalistes lui ont suggéré de mettre un album sur le marché, album qui a d'ailleurs connu du succès. Il a débuté sa carrère comme comédien sur les planches et c'est immitant le Président du Faso Blaise Compaoré qu'il s'est fait connaitre du grand public.


Et depuis, il est en tête d'affiche de nombreuses cérémonies au Burkina Faso et dans la sous région. La soirée Humour et droits humains prévue pour ce vendredi 04 juin 2010 sera une soirée pleine de surprises à laissé entendre les artistes.