L'ombre de Lumumba plane sur Ouagadougou

Plusieurs personnalités et invités se sont déplacés au Centre culturel français Georges Méliès à la faveur de la projection du film Lumumba: une mort de style colonial. Nous avons rencontré certains d'entre eux qu ont bien voulu nous livrer leurs sentiments juste après la projection.



Michel Ouédraogo, Délégué général du Fespaco

"Avant de livrer les sentiments qui m’animent après avoir vu ce film, je voudrais d’abord féliciter les organisateurs de ce festival. Je crois qu’ils apportent par cette manifestation, une autre dimension des manifestations cinématographiques en Afrique. Les thèmes qui sont campés à travers ce festival apportent un plus à la démocratie et aux droits humains.



Et le film sur Lumumba qu’on vient de voir, c’est un peu l’histoire de l’Afrique, cette histoire qui n’est pas seulement faite par les Africains, mais une histoire qui a aussi été façonnée par ceux qui nous ont colonisés.



C’est pour dire que à cette période où nous sommes en train de célébrer le cinquantenaire des indépendances de la majorité des pays africains, l’Afrique doit reprendre son destin en main, l’Afrique doit reprendre son histoire en main.



Je crois que ce qui s’est passé au Congo s’est passé dans beaucoup de pays africains, où il est effectivement difficile parfois de situer la responsabilité des Africains par rapport à leur propre histoire, et de situer la part des autres par rapport à l’histoire de l’Afrique. L’essentiel pour nous, est que les Africains comprennent qu’ils sont les seuls maîtres de leur destin et de leur histoire. "




Maître Bénéwendé Sankara, Chef de file de l’Opposition burkinabè

"C’est un film très émotionnel, mais pour un acteur politique, je crois qu’au-delà de l’émotion, c’est se poser de façon introspective, la question de la perspective pour l’Afrique parce que ce film remonte aux années des indépendances. Et il montre comment de façon post coloniale on imposait des gouvernements au peuple africain.




Le cas de Patrice Lumumba qui est si similaire à d’autres cas que le continent africain a connu, le Burkina Faso aussi, avec l’assassinant du Président Thomas Sankara, nous rappelle que nous sommes encore très loin des indépendances véritables où la souveraineté du peuple devrait s’exercer dans le choix de ses dirigeants.



Aujourd’hui, quand il s’agit de la chose électorale, on se rend compte le plus souvent que ce n’est pas le choix du peuple. Et la façon d’éliminer les leaders et des acteurs politiques de la trempe de Patrice Lumumba, pour moi, c’est un crime contre l’humanité, c’est un assassinant perpétré contre tout un peuple.




Maintenant, il faudrait qu’on se pose la question de savoir comment y remédier ? Quelles solutions les Africains, 50 ans après devraient justement apporter une véritable émancipation de leurs peuples pour un vrai progrès, pour renouer avec cette confiance entre les gouvernés et les gouvernants.



C’est un film qui est toujours d’actualité, et il faudrait féliciter et encourager la famille Lumumba qui a eu l’audace de faire la promotion de ce film au côté de son réalisateur. J’ai beaucoup appris, j’espère seulement qu’il serve de leçon à notre jeunesse. Lumumba est mort à 36 ans, et je crois que si on fait une rétrospection pour voir s’il vivait aujourd’hui, il aurait pu apporter son expérience au peuple africain. C’est donc avec beaucoup de regrets que nous ayons connu cet assassinat. "



Kpénahi Traoré

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