Un documentaire et un témoignage poignant

Patrice Lumumba, Premier ministre congolais de juin 1960 à janvier 1961 a marqué les esprits. De ce fait, il occupe une place importante dans la 6e édition du festival. Malgré ses trois mois de gouvernance comme le précise Roland son fils, il est devenu légendaire. « C’est peut-être ça qui le rend légendaire, il a laissé une pensée, un combat » précise-t-il.

Patrice Emery Lumumba est né en 1925 dans un village du Congo. Il n’a pas fait d’études, mais était très curieux. C’est d’ailleurs cette curiosité qui lui vaudra d’être exclu de l’église protestante. Thomas Giefer qui a réalisé le film sur Lumumba, explique qu’il était un « rebelle permanent ». Premier noir dans un quartier de blanc, il a fondé le premier parti nationaliste du Congo, le Mouvement National Congolais (MNC). Avec ce parti, il remporte les élections au grand damne des Belges qui devaient accorder l’indépendance du pays peu après.

Ce film de Thomas Giefer qui fait partie d’une série de 12 documentaires sur les assassinats politiques, retrace le combat de ce fils de la nation congolaise.
« C’est toujours un problème de parler d’un film avant qu’il ne soit vu. Mais c’est l’un des plus important que j’ai fait » a lancé Thomas Giefer, réalisateur du film projeté en ouverture, Lumumba : une mort de style coloniale.


Une fois devant le film on comprend mieux. Thomas Giefer pour réaliser ce film ne s’est pas contenté de retrouver les amis et la famille de ce héro africain, comme il le nomme, mais a également retrouvé ses assassins excepté les deux officiers qui ont donné les ordres qui ont refusé de témoigner, précise le réalisateur.

Des pièces du documentaire apparaissent surréalistes. L’histoire du devenir des corps après la mort de Lumumba a particulièrement choqué Jean-Louis Saporito, réalisateur du film, Vivre au pays le plus pauvre du monde. Pourtant, les tortionnaires ne regrettent rien de ce qui s’est passé et de comment ça s’est passé.

Gérard Soete, l’un des deux officiers belges chargés de faire disparaitre le corps du leader congolais, présente fièrement, dans le film, les deux dents en or qu’il a pu retirer du cadavre de Lumumba. Autour d’une table, je pose au réalisateur la question de savoir comment il a pu rester impassible face à des déclarations aussi choquantes : « Je suis curieux et je veux comprendre pourquoi ils ont fait ça. Mais quand on arrive devant eux, ils ne sont pas des monstres, ils commencent à parler de leur famille et sont vraiment sympathiques. Ils étaient vieux, pour eux, c’était une sorte de confession ».

Le seul regret du réalisateur allemand est de ne pas avoir pu filmer au Katanga, l’endroit où a été exécuté Lumumba. A la fin du film, la parole a été donnée au réalisateur et à Roland, le fils de Patrice Lumumba ainsi qu’aux spectateurs qui voulaient les interroger. Ils ont répondu aux questions avec gravité et parfois même humour. A la question, comment faites-vous pour porter ce nom, cet héritage posée par un spectateur, Roland Lumumba a répondu : « Cette question me revient souvent, comment tu fais pour porter un nom aussi lourds. La réponse elle est assez simple. Je n’en ai pas d’autre ».

Lucie Crisa

Aucun commentaire: